Benjamin Hayte, Infographiste et animateur

Identité visuelle des personnages et des décors du jeu, lien entre scénario et conception

A

vant ou après l’école Emile Cohl, avez-vous suivi une autre formation? Etait-ce une formation artistique ?

Je suis arrivé à l’Ecole Emile Cohl avec un bac STI arts appliqués, que j’ai obtenu après avoir quitté la scolarité française à l’âge de 14 ans pour étudier le dessin à l’Institut St Luc de Tournai en Belgique dans la section illustration. Mais même avant cela j’avais toujours un crayon à la main.

Comment s’est passée votre entrée dans le monde du travail ?

Plutôt bien … J’ai eu la chance de rencontrer, lors de mon stage en entreprise, un directeur artistique qui avait une vraie passion pour l’illustration, il m’a donné ma chance dans le milieu du jeu vidéo en tant que dessinateur concepteur designer. Aujourd’hui je continue de penser que ma présence dans le studio lui a plu puisque c’est lui qui m’a embauché deux ans plus tard sur son nouveau projet.

Je suis actuellement illustrateur concepteur dans le milieu du jeu vidéo.
Il y a de nombreuses étapes dans la création d’un jeu vidéo. Moi je me situe au tout début du projet, juste après le scénariste et avant la modélisation 3D. Mon travail consiste à dessiner tout ce que le scénariste écrit dans le scénario du jeu. Il définit des décors et des personnages et je leur donne une identité visuelle. Cette étape de dessin est primordiale dans la chaîne de production d’un jeu car cela fait gagner beaucoup de temps et d’argent.

A quel moment avez-vous décidé d’en faire votre métier ?

En 3^ème année à Emile Cohl, on nous demande de faire un stage en entreprise. Appréciant le jeu vidéo, j’ai envoyé des demandes dans les studios Lyonnais. J’ai vite reçu une réponse positive du studio Eden Games qui travaillait sur un jeu de voiture pour Atari.
A l’époque la production n’avait pas de dessinateur dans son équipe, j’ai donc endossé cette place durant tout un été. Une fois mon stage fini, l’équipe m’a confié que mon travail avait été très positif.
Un an plus tard, une semaine avant de finir mes études, la directrice du studio Widescreen Games  m’a fait une proposition d’embauche en tant que dessinateur sur son projet «  identification  » jeu vidéo vendu en épisode sur internet. J’ai accepté sa proposition et en ai fait mon métier.

Il y a pas mal d’avantages dans ce métier : je travaille certains jours chez moi ce qui est plutôt agréable, le salaire est confortable et je suis mon propre patron.
Pour les inconvénients il y en a pas mal aussi … il faut avoir son matériel informatique à jour, aller chercher ses clients, les contrats sont souvent d’une durée de trois à quatre mois en moyenne. Mais surtout être dessinateur, c’est un peu comme être un ovni dans l’administration française. On ne rentre pas dans des cases prédéfinies, ce qui peut parfois être très agaçant.

Quels sont les métiers qui gravitent autour du vôtre ? Les collaborations sont-elles courantes ?

Je travaille quotidiennement avec un scénariste et des graphistes 3d. La conception d’un jeu vidéo nécessite beaucoup de compétences très variées, ce qui exige de travailler en équipe.

Quels sont vos revenus ? Ont-ils évolué avec votre expérience ?

J’ai commencé en temps que salarié en CDD, avec un salaire raisonnable. Depuis peu, je suis passé sous le statut d’auto-entrepreneur, et mon salaire a évolué en conséquence (entre 2500 et 3000 euros par mois).

Avez-vous des projets en cours ?

Oui, je prépare en parallèle de mon travail un dossier bande dessinée, pour peut-être travailler dans ce domaine ….. À suivre.

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Q

uel est pour vous l’avenir du métier ? Quelles sont les mutations/évolutions que vous avez pu constater au cours de ces dernières années ?

Personnellement, je pense que le métier a de l’avenir car depuis la crise financière, les gens sortent moins et donc investissent dans des équipements audio et vidéo, dont les jeux vidéo. Le marché du jeu vidéo rapporte plus que celui du cinéma à l’heure actuelle…c’est pour dire… !
Par contre, pour ce qui est de mon cas, je pense prochainement me tourner vers le cinéma car ce milieu ressemble à celui du jeu vidéo. Je pense aussi, qu’en tant que dessinateur le mieux est de se tourner vers d’autres pays, car aux Etats-Unis par exemple le métier est bien plus reconnu qu’en France.

Je lui dirais que vivre de ses dessins est une chose très compliquée, il faut faire beaucoup de concessions car c’est beaucoup de travail. C’est aussi des horaires et des délais très serrés mais ces concessions valent vraiment le coup quand on est passionné. Je le souhaite à tout le monde.

Et quels conseils donneriez-vous à quelqu’un hésitant à se lancer dans le milieu artistique ?

Ayant fait des conférences à Emile Cohl, c’est la question que l’on me pose très souvent. Apprendre à dessiner est pour moi aussi honorable que d’apprendre le droit ou la médecine. Faire du dessin c’est surtout savoir s’exprimer, s’avoir inventer. Tout ce qu’il y a autour de nous, du paquet de mouchoirs à l’airbus A 380, a été dessiné avant d’être construit. Le dessin a été et restera le moyen le plus direct pour exposer son imaginaire.

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