uels ont été vos tous premiers rapports avec le dessin?
A ma connaissance, je dessine depuis toujours… Toute petite déjà, mes parents m’achetaient des cahiers à spirales dans lesquels je dessinais des personnages dont je créais les tenues jusque dans les moindres détails. Très tôt j’ai eu envie de faire un métier en rapport avec le dessin. Je voulais faire un métier créatif et manuel.
Les années lycée ? Pas très intéressantes ! Mes parents ont eu un peu de mal au départ (et maintenant je les comprends) pour concevoir que dessiner puisse être un métier. J’ai donc effectué un cursus général. Un Bac économique et social option mathématiques, on était bien loin du dessin. Et j’avoue ne pas m’être tellement impliquée durant cette période de ma scolarité.
À l’inverse, lorsque je suis entrée à l’école Emile Cohl, j’ai de suite été passionnée, et extrêmement motivée. C’est une école qui sait créer l’émulation et donne l’envie d’apprendre. J’en garde un excellent souvenir.
Après un stage effectué chez Milan Presse au sein de la rédaction du magazine Lolie, j’ai commencé à réaliser des illustrations principalement pour la presse jeunesse, et le parascolaire. Ma première pige était une vignette couleur pour une recette de cuisine pour le magazine Lolie justement !
Généralement un directeur artistique me contacte, par émail ou par téléphone, et m’expose son projet ainsi que le délai que j’ai pour le réaliser et son tarif. Si j’accepte, il m’envoie alors toutes les contraintes techniques : charte graphique, format, résolution, texte à insérer, etc.
Je commence par envoyer un bref croquis avec la mise en place des idées, puis le crayonné numérisé. Une fois le crayonné validé par le Directeur artistique , j’encre mon dessin, et je passe à la mise en couleur sous Photoshop.
Être illustrateur freelance comporte plusieurs avantages. C’est un métier où il n’y a pas de routine, il faut être créatif et se renouveler sans cesse. On est libre d’organiser ses journées de travail comme on le souhaite.
Cependant, c’est un travail solitaire, il est parfois difficile de travailler seul sans échange, sans personne avec qui l’on peut partager ses questions, ses doutes sur son travail. Il faut être également ordonné, organisé : faire preuve de beaucoup de sérieux, car il n’y a personne pour vous « surveiller ». Les journées peuvent passer très vite si on ne fait pas attention !
vez vous un métier secondaire?
Mon deuxième métier : l’enseignement! C’est une véritable révélation pour moi. Transmettre mon savoir-faire est un réel plaisir. Mettre en place des projets, de nouveaux sujets, il s’agit d’une autre forme de création.
Milan presse, Fleurus, Retz, Oxford University Press, Parragon, Hachette Disney Presse …
Une démarche permanente . Nous sommes très nombreux sur le marché. Il faut apprendre à se vendre, réussir à se démarquer, faire en sorte qu’on ne vous oublie pas.
Financièrement les mois se suivent et ne se ressemblent pas lorsqu’on est free-lance ! Ils évoluent avec les années certes, mais ce n’est pas un CDI.
On travaille sans sécurité de l’emploi, à chaque fin de contrat, il faut repartir à la recherche d’une nouvelle pige, d’un nouvel éditeur. C’est un éternel recommencement. J’avoue qu’avec l’arrivée de mon premier enfant tout récemment, je suis aujourd’hui rassurée d’avoir également un salaire pour mon emploi de professeur d’Arts Plastiques.
La création !
Mon contrat le plus laborieux ? La création de papier-cadeau. Il fallait travailler avec des contraintes de couleurs, de format, et surtout réussir à créer un motif qui se répète de façon fluide et uniforme.
La plus réussie ? La prochaine ! À chaque fois je me dis que je peux mieux faire, j’ai du mal à être totalement satisfaite de mon travail. Je souhaite continuer à progresser, c’est essentiel. Lorsqu’on a un style de dessin, les gens qui font appel à vous ont tendance à vous cataloguer. On vous demande très souvent la même chose. On finit alors par avoir des automatismes et on stagne, on oublie de se renouveler : c’est un peu le piège.
Concernant l’avenir du métier, je ne sais pas trop. Il me semble que les magazines pour enfants et certains livres sont à présent remplacés par des jeux et des histoires interactives sur ordinateur.
Le marché de l’édition « papier » est amené à se restreindre ou du moins à évoluer. Et en même temps, les illustrateurs indépendants sont eux toujours aussi nombreux, voir plus : la concurrence est rude !
Être sur de soi, se connaître vraiment avant de s’engager, car même si étudier le dessin semble être au premier abord ludique et agréable, il ne faut pas perdre de vue que réussir dans ce métier n’est pas facile. Travailler seul, savoir se vendre, ce n’est pas donné à tout le monde.