uels ont été vos tous premiers rapports avec le dessin?
L’envie de dessiner m’est venue en regardant les dessins animés de Walt Disney. J’ai été très longtemps bluffé par la qualité de l’histoire et du traitement graphique pendant la grande époque jusque vers Tarzan.
Petit, j’avais participé à un atelier de dessin dans une MJC pendant un an où on m’avait fait tester les pastels surtout et les couleurs plus que de vraies bases de dessin d’observation.
Plus tard, j’ai souvent dit à mes parents que je voulais faire du dessin pendant mes années lycée sans vraiment « gratter » sur mes feuilles de cours. Après des concours pour des Mises à Niveau en Arts Appliqués pendant ma Terminale et la présentation de dossier à l’école Emile Cohl, j’intègre cette dernière.
Je me suis tenu à faire du dessin plus par envie et volonté que réel talent.
Un bac S, filière assez classique avec option Arts Plastiques.
À l’époque, j’ai fait un stage de dessin d’une semaine dans une école à Paris pendant les vacances d’hiver pour préparer un dossier conséquent à pouvoir montrer à l’école Émile Cohl lors de mon entretien. Mais pas de formations continues ou de stages intensifs avant ces expériences-là.
Puis quatre années d’études à l’école Emile Cohl. Dessins d’observation, techniques de peintures, anatomie, etc. C’est vraiment là que je suis rentré en contact frontal avec le dessin. Ce que je cherchais vraiment. Finalement après avoir délaissé le dessin animé, petit à petit, j’ai suivi l’option illustration édition pour mon diplôme de fin de scolarité.
Aujourd’hui, je suis Directeur Artistique dans une agence de publicité. Après avoir cherché des boulots en tant qu’illustrateur, je me suis rendu compte que le travail tout seul dans son bureau n’était pas vraiment fait pour moi et que je n’avais finalement pas assez de volonté pour persévérer. Je me suis rabattu sur le métier d’infographiste qui était un métier d’équipe et qui me semblait le plus proche de ce que j’avais appris. Et après avoir fait un stage dans une agence de pub, je suis rentré en tant qu’assistant puis j’ai gravi les échelons.
Mon métier n’a plus grand chose à voir avec le dessin. Je m’en sers pour faire des croquis pour faire visualiser des idées mais je n’en ai plus une utilisation aussi courante que pendant ma formation ou qu’un illustrateur. Il a fallu apprendre un nouveau métier, mais les quelques bases qui m’ont été enseignées me servent encore aujourd’hui car au final, mon rôle consiste encore aujourd’hui à produire des images, donc à les composer, les équilibrer… ce qui m’a été enseigné tout au long de ma formation.
uelle est donc votre mission de publicitaire ?
Le métier de directeur artistique consiste à produire des visuels et des idées qui pourront être déclinés sur différents types de supports (édition, presse, film ou internet) et d’y associer un contenu typographique pour promouvoir un produit, un service ou même une marque. La phase de recherche, de conception du visuel et des idées se fait en équipe avec un concepteur-rédacteur. Si l’idée est acceptée, je passe à la phase réalisation dans laquelle je dois traduire visuellement les idées retenues à l’aide d’un montage photo ou d’une illustration quasi finalisée qui serviront de supports de présentation pour convaincre le client.
Enfin, si l’idée est retenue par le client, je suis en charge de la production du visuel ou de l’idée, c’est-à-dire que je suis responsable du choix du traitement du visuel (photographique, illustratif ou 3D) et de son exécution par le prestataire choisi. Les jours et les semaines ne se ressemblent pas dans mon métier parce que je travaille toujours sur des sujets extrêmement divers et variés.
C’est aussi ça qui fait le piquant du métier…
Au final, on doit être toujours très créatif pour pouvoir alterner les idées, les clients, les types de demande, de supports. Un jour, il faut réfléchir à une idée pour un établissement bancaire à créer en affiche 4×3, le jour suivant, il faut trouver un petit film publicitaire pour un distributeur. On ne fait jamais la même chose et on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Par contre, la liberté d’illustration ou de concept que l’on peut avoir quand on est illustrateur est assez restreinte dans ce métier où l’on est soumis à beaucoup de contraintes, de temps, de discours, de ton, de traitement, mais c’est aussi souvent ça qui fait le challenge.
Les métiers qui gravitent autour du mien sont très nombreux et sont tous liés au traitement de l’image qu’elle soit fixe ou animée. Pendant la phase réalisation, je peux faire appel à des roughmans qui vont faire des montages photos ou des illustrations assez précises des croquis de mes idées.
Pendant la phase production des images, je peux faire appel à des illustrateurs traditionnels, des illustrateurs 3D, des photographes, une maison de production de film ou de dessin animé ou même un agent de photographe, ou alors aller chercher une image sur un site de banques d’images.
Ces collaborations sont obligatoires et très fréquentes chez nous. Nous n’avons pas les moyens techniques et financiers au sein de mon entreprise pour produire toutes les images dont nous avons besoin. Donc il est quasi systématique de faire appel à au moins une des spécialités pendant le déroulement d’un projet.
Les clients d’une agence de publicité sont des annonceurs (entreprises, marques, société voulant commercialiser un produit ou un service,…) qui ont besoin de toucher un public ciblé pour vendre leur produit ou service. Ils déterminent leurs besoins de supports et viennent nous voir pour traduire leurs besoins en images ou concepts. Ces clients prennent généralement contact avec nous au travers de notre département développement qui est chargé de démarcher des clients et leur faire connaître nos métiers et expertises.
Le seul lien qui unit encore mon métier au dessin est la nécessité de faire des croquis pour expliciter un visuel ou une idée avant sa phase de réalisation. Toutefois, la formation qui m’a été dispensée m’a aussi appris à concevoir une image et cela aussi me sert au quotidien dans mon travail. Quand on se pose la question de quel angle utilisé pour traduire telle ou telle idée, du choix du décor, de la lumière, de l’ambiance, ce sont des choses nécessaires aussi quand on construit une illustration ou un plan pour un film.
uels sont vos revenus ? Ont-ils évolués avec les années ?
Mon revenu est a peu près de 2000 euros brut par mois. Il a effectivement augmenté depuis mon démarrage dans ce milieu puisque j’ai démarré au SMIC. L’avantage de travailler dans une société comme celle-ci est que l’emploi se traduit forcément par un CDD ou un CDI. La sécurité du travail est donc quasi assurée.
À côté de ça, je réalise que pas mal de mes prestataires freelance peuvent avoir du mal à en vivre parce que la production ou les commandes sont très variables et peuvent passer de tout à rien en très peu de temps. La seule responsabilité de trouver du travail ne repose que sur soi-même quand on est un indépendant. Il faut pouvoir assumer d’être à la fois commercial, artiste, de savoir négocier et le talent compte mais pas autant que ce que l’on peut imaginer.
La satisfaction principale de ce métier ou du domaine dans lequel je travaille est d’exercer un métier passionnant et surtout un métier que l’on a choisi. Cela reste une satisfaction notoire. Je n’ai pas d’œuvre plus laborieuse ou plus réussie. L’équilibre à trouver est de savoir se satisfaire d’une idée ou d’un concept visuel traduit de la manière que l’on souhaite tout en satisfaisant le client.
Le métier de la publicité évolue de plus en plus aujourd’hui et ce, depuis les années 2000. L’apparition d’internet et la révolution des outils techniques sont les évolutions à suivre et à ne pas manquer aujourd’hui. Même pour un métier proche du dessin. Internet révolutionne la mise en contact entre différents intervenants. Il révolutionne aussi la pratique de l’art et les techniques. Un site internet pour un artiste est devenu aujourd’hui aussi important qu’une expo importante dans une galerie à la mode.
Beaucoup de choses dans le domaine du dessin, du design et de l’art ont été et seront encore révolutionnés par l’utilisation d’Internet. Ne serait-ce que l’apparition de la 3D pendant les projections de films dans les cinémas et bientôt sur Youtube…
Il faut persévérer. Apprendre le dessin est un apprentissage long et difficile mais il ne faut pas oublier de bien observer. J’avais un professeur qui nous disait que « Le fait de mal dessiner ne vient pas du fait que l’on a un mauvais coup de crayon, mais plutôt du fait que l’on n’observe pas bien ».