uels ont été vos tous premiers rapports avec le dessin ?
Enfant, j’ai commencé en autodidacte à imiter les styles des dessinateurs de bande dessinée issus d’univers très différents. Par la suite, après mes études, j’ai travaillé sur un concept d’illustration composite intégrant différentes influences et mélangeant le dessin, la photo, le collage et la peinture. L’illustration dans la presse magazine s’est imposée pour gagner ma vie avec ces expérimentations.
Bac B à Oullins, puis diplômé à l’école Émile Cohl en illustration (1988).
Je suis illustrateur et caricaturiste. J’ai débuté comme pigiste en 1992 en démarchant la presse parisienne. Les premiers contacts se sont faits avec des directeurs artistiques auxquels j’ai montré un book orienté vers l’illustration de presse. J’ai publié mes premières illustrations à cette époque dans 20 ans, Science et Vie Junior, et 60 millions de consommateurs.
n quoi consiste exactement ce métier ? Ses étapes ? Ses outils ?
Il s’agit de communiquer par l’image sur des sujets de presse magazine quotidienne ou corporate (presse interne aux entreprises).
Exemples : pour un magazine économique comme Challenges, réaliser une image synthétique décrivant l’empire Google . Pour Science et Vie Junior, créer une image d’ouverture fun sur le sujet des casses-têtes mathématiques. Pour l’Humanité Dimanche, trouver une illustration forte et satyrique pour illustrer le chaos du nouvel ordre mondial. Pour Libération, faire un portrait pastiche de Jean Sarkozy.
Généralement, le travail se déroule dans cet ordre :
La plupart des gens qui font appels à mon travail sont des directeurs artistiques ou des rédacteurs en chef, dans la presse, les agences de communications, ou l’édition. En général je suis seul à travailler sur l’idée et la réalisation. Mais il peut y avoir parfois des collaborations avec des auteurs ou des agences (j’ai par exemple créé quelques caricatures destinées à l’animation).
En 2009 (les clients peuvent changer d’une année sur l’autre) :
La prise de contact se fait en général d’abord par téléphone pour prendre rendez-vous, mais aussi par mailing. On peut aussi me contacter par l’intermédiaire de mon site web.
J’ai repris la tradition du portrait-charge et de la caricature issue du XIXe siècle en la modernisant avec un rendu photomontage : je réalise toujours un croquis avant l’opération montage photo, mais le trait disparaît dans le résultat final. Reste une architecture dessinée et par-dessus des touches de couleurs et de photos fragmentées.
J’ai toujours vécu de ma passion, mais pas avec des revenus fixes. Ils peuvent varier selon les années entre 24 000 et 55 000 euros/an.
u’elle satisfaction personnelle tirez-vous de votre profession?
J’ai réussi à imposer une technique très particulière (dessin mixé avec photomontage et collage). Devenue plus courante aujourd’hui avec le développement des outils informatiques. Dans le graphisme et l’illustration cette technique était assez originale au début des années 90 dans le monde de la presse en France (surtout pour la réalisation de caricatures). Par la suite avec l’ordinateur, j’ai affiné mon travail. Cela m’a permis d’élargir mon champ d’action : une de magazine, édition, agence de communication, etc. En ce qui concerne le temps de travail sur chaque illustration, il dépend du temps de bouclage. Donc je m’adapte, ça va d’un après-midi pour les unes de Libération à 3 semaines dans le cas de l’édition.
Un exemple de une réussie est ma une de L’équipe hebdo, dans un esprit très « dada », donc très décalé pour un magazine de sport.
Ma commande la plus laborieuse : une série d’affiches pour une chaîne de supermarchés. Laborieux parce que je n’étais pas à l’origine de l’idée (c’est toujours le cas dans la pub), et que chaque fragment de l’assemblage devait être approuvé par un avocat, sans compter les nombreuses corrections sur la réalisation finale.
Je suis passé du collage traditionnel à l’art numérique. Cette mutation m’a permis d’élargir les possibilités de mon champ d’action dans l’illustration. J’ai constaté depuis une quinzaine d’années une stagnation voire une baisse des tarifs dans la presse généraliste. Pour la presse corporate, le nombre des commandes varie selon les fluctuations économiques.